Big Radar is watching You. Et de très loin. La dernière campagne pour la sécurité routière (axée sur l’alcool, la vitesse et les jeunes au volant) qui pousse le choc visuel et psychologique dans ses retranchements donne le ton : l’État est bien décidé à faire chuter les chiffres d’accidents de la route et ralentir les véhicules. Par tous les moyens.
Le dernier projet en date ? Muscler le dispositif des radars autonomes placés sur les périphériques, nationales et autoroutes. Et plutôt que de les multiplier par 16 en les alignant tous les 300 mètres, les responsables ont eu l’intelligence d’en améliorer la perception.
Nom de code : « Radar Tronçon ». Fonction : analyser la vitesse moyenne de tous les véhicules grâce à une caméra placée plusieurs centaines de mètres en amont. Mise en place : début 2011. Avec cette solution, le Ministère des Transports espère « inciter à une nouvelle prise de conscience sur l’importance de la vitesse, afin de passer en 2012 sous la barre des 3 000 morts sur les routes par an« . Un objectif « costaud » puisque les radars, s’ils ont fait sensiblement reculer le nombre de victimes entre 2007 et 2008, n’ont pas accéléré la tendance sur 2009, avec seulement 13 morts de moins que 2008 (4 262).
Mais n’allez pas croire qu’il s’agit, encore, d’une invention française car la Belgique, le Royaume-Uni, l’Italie ou encore l’Allemagne disposent déjà de ce dispositif « tronçon ». Dans certains de ces pays, les autorités ont enregistré une baisse allant jusqu’à 50 % du nombre de victimes. De quoi conforter l’État dans sa décision.
L’œil du bien ?
Déjà testé en France pour expérimentation en 2003, ce système, en pratique, capte tous les passages des véhicules à partir d’une caméra (semblable à une webcam musclée ou caméra de vidéosurveillance, selon les systèmes, en beaucoup plus précise), ingurgite toutes les plaques pour les transmettre sans fil au radar fixe. A l’approche de ce dernier, des capteurs reconnaissent les plaques et le radar mouline pour en dégager des vitesses moyennes. Si vous êtes au-dessus de la limite sur le tronçon analysé, vous goûterez aux joies du flash.
Le site internet controleradar.org a d’ailleurs réalisé une infographie simple et efficace pour en comprendre le fonctionnement :
Pour vous donner une idée de la portée d’une telle technologie, les tests de 2003 ont été effectués sur une distance de 12 km entre la caméra et le radar ! Le nouveau sport national du coup de frein quelques mètres avant les radars vit peut-être (on l’espère) ses derniers instants. De même pour les avertisseurs radars (type Coyote) car comme avec un signal WiFi d’intérieur que l’on répète avec des bornes, la communication entre la caméra et le radar pourrait s’étendre sur plusieurs dizaines de kilomètres en boostant les échanges sans fil. On peut donc s’attendre dans un futur proche à être contrôlé dès l’entrée sur l’autoroute et jusqu’à la sortie, avec un bilan de la vitesse moyenne. Bonjour la liberté de circulation.
Gros sous et application
Au-delà de l’aspect sécuritaire, on peut tout de même saluer l’esprit d’initiative de l’État pour redonner un peu de vigueur à une machine à cash qui a tendance à ralentir sur les amendes depuis quelques mois. Reste qu’outre les bénéfices humains et financiers, le radar tronçon va se voir confronté à deux problèmes. En premier lieu, le caractère limite du dispositif en termes de légalité et de droits concernant la présomption d’innocence des automobilistes car ceux-ci, comme le stipule la loi actuellement, doivent-être pris en flagrant délit d’excès de vitesse.
Or on parle ici de vitesses moyennes enregistrées, ce qui est l’exact opposé du système de « Flash ! Tu t’es fais avoir par surprise la main dans le sac (et le pied sur l’accélérateur) ! » qu’autorise la loi aujourd’hui. On ne doute pas cependant que l’état saura trouver une place dans son calendrier pour vite caser une loi. Autre problème : la confidentialité des données qui transiteront dans ce réseau (fermé ou non ?), puisque toutes les plaques et donc toutes les informations sur les véhicules et leurs propriétaires seront conservées.
La question sera de savoir pendant combien de temps, mais le public est en droit de se méfier d’un tel système de « renseignement ». En tout cas, produits hi-tech ou sécurité routière, le sans fil s’invite durablement dans nos vies pour nous faciliter voire sauver la vie, lorsque l’on prend ces évolutions du bon côté.
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