Depuis l’adoption de la loi Evin, les ventes de tabac à rouler ont littéralement explosé, représentant désormais 12 % des ventes en volume contre seulement 1,5 % à l’époque.
Dénoncée par l’Office français de prévention du tabagisme (OFT), cette explosion des ventes du tabac à rouler n’est pas pour autant pas une surprise pour les spécialistes : « Il y a quinze ans, ce phénomène était déjà annoncé car amplement prévisible sous la pression de l’évolution des prix du tabac » rappelle le Dr Anne Borgne, tabacologue à l’hôpital Jean Verdier (Bondy ; 93) et secrétaire générale adjointe de l’OFT.
Car ce sont surtout les jeunes et les personnes en situation de précarité qui font appel à ce type de produit, ne pouvant assumer des cigarettes préroulées à 5 euros ou plus le paquet de 20. « Mais ce ne sont pas les seuls, précise Anne Borgne : le tabac à rouler peut aussi traduire un changement dans les comportements, une prise de conscience qu’il va falloir arrêter avec le tabac.
Les fumeurs adoptent le tabac à rouler en pensant qu’il leur facilitera une limitation de leur consommation. On sait bien que ça ne se passe pas ainsi mais ce changement est néanmoins une bonne nouvelle car il traduit une évolution sur le chemin du sevrage, ce qui explique que nous avons sans doute une sur-représentation des usagers de tabac à rouler en consultation de tabacologie par rapport à la population générale ».
Mais l’OFT va plus loin en dénonçant « le scandale du tabac à rouler », encore plus impropre à la consommation que les cigarettes industrielles en raison de taux bien plus élevés de nicotine et de goudrons. Dans un communiqué, l’OFT précise que « si le tabac à rouler était pré-roulé et mis ainsi sur le marché, il serait aussitôt interdit dans tous les pays européens du fait d’une trop grande toxicité ! ». Pourquoi ?
« Tout simplement parce que le tabac à rouler a été oublié par le législateur » nous indique Anne Borgne, précisant que le consommateur est ainsi abusé car il a tendance à penser que le tabac à rouler est un produit plus naturel, moins manipulé par les industriels, donc en fin de compte moins nocif… Or, le tabac à rouler est un produit encore plus polluant et toxique que les cigarettes industrielles, un produit strictement impropre à la consommation car libérant encore plus de composés cancérogènes et mutagènes que la plus toxique des cigarettes industrielles pré-roulées, autorisée en Europe !
Et l’OFT de conclure sur l’urgence, pour la France et l’Europe, « de mettre fin à cette violation de fait des lois et directives de protection des consommateurs qui interdisent de mettre sur le marché en Europe des cigarettes libérant plus de 10 mg de goudron ».
Source : Entretien avec le Dr Anne Borgne, le 5 décembre 2005 Communiqué « le scandale du tabac à rouler », novembre 2004, diffusé par l’OFT et ACTIF (l’Alliance Contre le Tabac en Ile de France).
Voir Aussi : Le tabagisme " mineur "
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